Abraham Estin, médecin humaniste
 
Abraham Estin, gosse de Grodon


 


Le survol du roman

Les rafles monstres

(22 novembre - 26 décembre 1942), p. 294

Voir Polyglottie.
Voir Journal.

22 novembre – 1700 Juifs sont partis le 15, et 2400 cette nuit. Aharon Jezierski, le héros de l’autodéfense juive en 1935 (Un pogrom à Grodno), aurait pu passer dans le ghetto n°1, mais il a préféré prendre la tête du cortège vers la gare.

« Le portail du ghetto n°2 n’est plus cadenassé. On peut même le visiter librement. Et la population aryenne de la ville ne s’en prive pas. Toutes les maisons sont ouvertes : “ Servons-nous ! Ce n’est même pas du vol ! ” Et le plus extraordinaire, c’est que c’est vrai, car personne n’habite ces maisons. »

23 novembre – Le ghetto n°1 réagit en accélérant la cadence du travail.

24 novembre Yossef a reçu l’ordre de rester au travail la nuit.

25 novembre – Encore deux mille Juifs  [p. 297] ont été amenés à la Grande Synagogue (dernière photo dans la Galerie). Au petit jour, tous ont pris la direction de Kelbassin.

25 novembre – En apprenant la nouvelle de la rafle, Yossef plaque tout pour rentrer au ghetto. Les gens se terrent, le calme dans les rues vides est hallucinant. Chez lui, les Landman lui apprennent que Louba et le petit ont été emmenés. Yossef va chercher Tzvi Belko et trouve Botké, qu’il coince. Celui-ci donne sa « parole d’honneur » que Louba et Wowa n’étaient pas sur la liste.

26 novembre – Botké étant effectivement intervenu, Louba est libérée et revient à la maison avec Wowa. La nuit, elle révèle à Yossef une drôle d’histoire que bobé Dveyré lui a racontée :

« Il paraît que dans ma famille, depuis six générations, peut-être même plus, dès qu’un petit garçon vient au monde pour transmettre le nom, le mâle précédent disparaît, au plus tard dans les deux ans qui suivent. »

27 novembre – Le récit de la nuit à la Grande Synagogue, et l’arrivée à Kelbassin.

28 novembre – La mort de Yoshua Suchowlanski, le Juste.

29 novembre – Des rumeurs sur un attentat contre Streblow.

30 novembre – « Il y a peu d’accouchements chez nous, mais beaucoup d’enfants mort-nés. Deux dans la nuit et chez le même accoucheur. Risque-t-il des ennuis ? C’est douteux et de toute façon, il est déjà à la Grande Synagogue, le bon docteur. »

1er décembre – La mission d’Isabelle, agent de liaison, qui vient acheter un pistolet. Mais elle est surprise par Shmelik Ganev, qui s’impose à elle.

2 décembre – Par un sixième sens, Louba a senti qu’une rafle allait se déclencher. Elle veut que tout le monde aille dans la cache, mais il n’y a de place que pour quatre personnes. Grand-mère Landman décide qui va descendre se mettre à l’abri : Louba, Genia et Fela, des femmes fécondes.

3 décembre – En fait, Louba est descendue avec le petit, enfreignant les « règles du jeu » : les enfants en bas âge ne sont pas admis dans les caches, car leurs pleurs risquent de faire découvrir les autres personnes.
Le matin, tout le monde est reparti au travail. 

3 décembre - On parle de rétrécir le ghetto. « J’ai fait le calcul : moins de 2 mètres carrés d’espace vital par Juif. »

Yossef dit qu’il faut déménager : justement, un appartement est libre depuis le matin : celui de la tante Gruntzia et l’oncle Leyser.

4 décembre – Plus d’un an déjà que les Allemands ont fermé les écoles juives. Des classes clandestines ont fleuri par centaines. ’Hassia Bielicka s’occupait d’enfants dans une cave ; mais elle va quitter les quelques enfants qui restent pour accomplir une mission auprès des partisans.

5 décembre – Wowa a le croup. A l’hôpital, Bezalel Suchowlanski, le médecin, s’apprête à lui faire une trachéotomie. Mais tout dépend si on arrivera à se procurer du sérum. Au petit matin, l’enfant est sauvé. S’il y a une personne à remercier, c’est Shmelik Ganev.

Shmelik Ganev est « l’homme des missions impossibles ». Il y a assurément beaucoup de vrai dans ce qu’on raconte de lui par ailleurs, « mais nous vivons dans un monde insensé. Le sublime côtoie l’abject. »

6 décembre – Le médecin a les dossiers de cent douze malades victimes du coma diabétique. Il n’y a plus d’insuline que pour quinze personnes.

7 décembre – Rintzler, le SS qui commande le camp de transit de Kelbassin, est encore plus bestial que Wiese.

8 décembre – Confrontation entre Yossef et Shmelik Ganev.

9 décembre – Pour la première fois, il y a eu deux listes pour une déportation : celle du Judenrat et celle de la Gestapo. « Mille malheureux en colonne, obligés de chanter tout le long de la route de la synagogue à Kelbassin, au son de cymbales et d’un violon. (…. Les gens) n’ont vu que le côté carnaval de la chose. »

10 décembre – Les patients diabétiques seront sauvés : Shmelik Ganev a obligé l’infirmier allemand à fournir de l’insuline.

12 décembre – La Gestapo désigne un Judenrat à Kelbassin. Il ne pourra gérer que la famine.

13 décembre – Encore un envoyé du Hashomer (sioniste) serait venu pour tenter d’organiser une révolte dans le ghetto.

14 décembre – Le Judenrat a obtenu, pour une énorme rançon, de faire parvenir du pain à Kelbassin.

15 décembre – Comment trouver un chemin qui mène vers les partisans ? Yossef s’adresse à Tzvi Belko. « Ah ! si je lui avais posé la question il y a quelques semaines seulement. »

17 décembre – Tzvi parle à Yossef de Bronia Winicka. Certains disent qu’elle est agent de liaison entre le ghetto de Bialystok et la forêt. Yossef pourrait-il aller à Bialystok ?

18 décembre – « Andrzej, j’aurai sans doute besoin d’aller à Bialystok. »

23 décembre – « Kelbassin est prêt à recevoir de nouveaux pensionnaires. Les anciens sont partis dans des “camps”. Personne n’ose même plus ajouter “de travail”. »

24 décembre – Wiese oblige une jeune femme, Esther Broïdé, à s’enivrer horriblement.

26 décembre – Un certain nombre de policiers seraient prêts à donner leur démission. « Seul le sentiment qu’ils protègent leur famille les fait hésiter. »


 










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